1. Définition
Le syndrome de Diogène est un trouble du comportement caractérisé par une négligence extrême de l’hygiène corporelle et domestique, un isolement social marqué et une accumulation compulsive d’objets souvent sans valeur. Il ne s’agit pas d’un trouble psychiatrique autonome mais d’un ensemble de symptômes observés surtout chez des personnes âgées.

​

2. Origine du terme
Le nom vient du philosophe grec Diogène de Sinope, connu pour son mode de vie ascétique et marginal. L’association est impropre car le philosophe prônait le détachement matériel, contrairement à l’accumulation observée dans ce syndrome.

​

3. Épidémiologie

• Prévalence estimée : 0,05 à 0,5 % des personnes âgées vivant à domicile.

• Âge : souvent après 65 ans.

• Sexe : légèrement plus fréquent chez les femmes.

• Contexte : survient souvent seul mais peut être associé à des troubles psychiatriques (schizophrénie, troubles bipolaires) ou neurocognitifs (démence, Alzheimer).

​

4. Étiologie et facteurs de risque

• Démences (fronto-temporale, Alzheimer).

• Troubles de la personnalité (particulièrement schizoïdes ou paranoïaques).

• Dépression chronique.

• Isolement social, perte d’un proche, pauvreté relative ou stress majeur.

​

5. Caractéristiques cliniques

• Négligence de soi : hygiène corporelle et alimentaire défaillante, parfois dénutrition sévère.

• Syllogomanie (hoarding) : accumulation d’objets ou déchets dans le domicile, souvent sans valeur utilitaire.

• Isolement social : refus de contacts et d’aides extérieures, méfiance.

• Déni : la personne ne perçoit pas son comportement comme problématique.

• Complications fréquentes : infections cutanées, malnutrition, risques d’incendie ou d’effondrement d’objets, troubles respiratoires liés à l’insalubrité.

​

6. Diagnostic

• Purement clinique, reposant sur l’observation du comportement et du contexte de vie.

• Évaluation complémentaire pour rechercher une démence ou un trouble psychiatrique sous-jacent.

​

7. Prise en charge

• Souvent multidisciplinaire : psychiatres, gériatres, travailleurs sociaux.

• Priorité : assurer la sécurité et la santé (hygiène, nutrition, logement).

• Thérapies cognitivo-comportementales parfois utiles.

• Médicaments si un trouble psychiatrique ou neurologique est identifié.

• Réhabilitation sociale et accompagnement à domicile si possible.

​

8. Pronostic

• Généralement défavorable sans intervention : morbidité et mortalité accrues par infections, malnutrition ou accidents domestiques.

• Dépend fortement de la cause sous-jacente et du degré d’acceptation des soins.

​

9. Points clés

• Syndrome lié à la perte de capacités cognitives ou au refus d’aide.

• Pas une simple excentricité mais un trouble sérieux avec conséquences sanitaires et sociales.

• La distinction avec la syllogomanie isolée (trouble d’accumulation compulsive) est importante : le syndrome de Diogène inclut négligence sévère et isolement social.